Mali 🇲🇱

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Bataille de Tinzawaten : 6 mois après un échec cuisant, le bilan peu glorieux de Wagner au Sahel

En juillet 2024, la bataille de Tinzawaten oppose au Mali le CSP-DPA (Cadre Stratégique pour la Défense du peuple de l’Azawad) aux mercenaires de Wagner luttant aux côtés des Forces Armées maliennes.

L’issue de la bataille se solde par un échec cuisant des Russes et des Maliens.

La colonne russo-malienne est entièrement détruite et l’on dénombre des dizaines de morts dans les rangs de la société militaire privée (SMP) russe.

La déroute de Tinzawaten constitue alors l’attaque la plus meurtrière pour Wagner hors du théâtre ukrainien depuis 2018.

Face à une telle humiliation, début octobre 2024, l’opération « Vengeance » est lancée par Wagner et les Forces Armées maliennes.

But affiché : reprendre Tinzawaten pour laver l’affront subi en juillet.

Mais encore une fois, l’opération conjointe est un fiasco.

La colonne russo-malienne, après avoir erré une dizaine de jours dans le désert, rebrousse chemin pour revenir à son point de départ sans livrer bataille.

Pire, l’opération révèle au grand jour les tensions russo-maliennes dans le cadre du contrat qui lie militairement l’armée régulière à Wagner.

Arrivés en position de sauveurs, les mercenaires russes ont toujours eu une forme de mépris envers l’armée malienne.

Pendant l’opération « Vengeance », plusieurs soldats de Wagner ont multiplié les messages acerbes à l’encontre de l’armée malienne dans des boucles Telegram pour son supposé « manque de professionnalisme ».

De quoi alimenter des tensions préexistantes entre la SMP et les Maliens, les hauts gradés des Forces Armées maliennes n’acceptant pas d’être pris de haut par les Russes.

Entre dissensions russo-maliennes et échecs répétitifs des opérations, la question du renouvellement de contrat entre Wagner et les Forces Armées maliennes se pose donc.

Quoi qu’il en soit, en ce 31 janvier 2025, soit six mois après Tinzawaten, une chose est sûre : la milice russe a perdu de sa superbe auprès des Africains.

Alors quel état des lieux dresser de l’influence de Wagner en Afrique ? C’est une question à laquelle on s’attache à répondre ici.

Sur le continent africain, Wagner a été déployé dans plusieurs pays et en particulier au Mali, au Burkina Faso et en République centrafricaine.

Les objectifs de la SMP étaient d’assurer la sécurité des régimes en place et la protection des ressources stratégiques.

Si la milice russe a été présentée comme un acteur majeur dans la lutte contre les groupes terroristes locaux, le bilan de son intervention s’est avéré plus que mitigé. Et la défaite de Tinzawaten en est un exemple flagrant.

Les échecs répétitifs de Wagner sur le sol africain ont entaché la réputation de la SMP, qui s’est muée en instrument pour préserver l’influence russe en Afrique au lieu d’être considérée comme un outil de lutte contre le terrorisme.

L’inefficacité de la milice s’est notamment révélée lors d’événements tels que la capture de soldats russes par des rebelles.

A la mort de Yevgeniy Prigozhin, en août 2023, l’échec de Wagner a de facto conduit à sa quasi-disparition.

Cependant, le Kremlin a tenu Ă  mettre en place un relai permettant de faire perdurer les missions de Wagner sur le continent Africain.

Directement intégrée aux structures de l’Etat russe, l’« Africa Corps » a alors vu le jour.

Placé sous la supervision directe de Poutine, l’Africa Corps s’inscrit dans une logique de « renationalisation » des opérations militaires privées, a contrario de Wagner qui jouissait d’une relative autonomie.

L’idée est de renforcer le contrôle de la Russie tout en poursuivant ses objectifs géopolitiques en Afrique.

Mais l’intérêt principal du Kremlin avec le passage à l’Africa Corps tient dans une distanciation de l’image controversée de Wagner pour légitimer son action.

Au détriment des objectifs africains de sécurité régionale, l’Africa Corps place au-dessus de toute visée la préservation de l’influence russe en Afrique.

La contribution russe à la sécurisation des pays africains en proie à la déstabilisation est donc minime.

Les attaques violentes ne baissent pas au Sahel, pourtant zone de prédilection des Russes. Et ce mois-ci de janvier 2025 n’a pas dérogé à la règle.

Le 19 janvier, une patrouille des Forces Armées maliennes a été ciblée à l’est de Niafunké, faisant 4 soldats tués.

Le 22 et le 23 janvier, une attaque à Sebba, dans le nord-est du Burkina Faso a causé la mort de 21 militaires et de 7 civils.

Le jour suivant, un groupe terroriste affilié au GSIM a entrainé le décès de 23 personnes, à la fois civiles et militaires, dans l’attaque d’un détachement militaire à Pama.

Parallèlement, le Niger fait face à une recrudescence d’attaques dans la région de Makalondi, souvent revendiquées par le JNIM (Jama’a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin). Les sabotages à l’IED (Improvised Explosive Device) sont notamment récurrents sur la nationale 6, axe stratégique pour les échanges transfrontaliers avec le Burkina Faso.

Face à ces illustrations plurielles d’insécurité au Sahel, il ressort que l’allié russe apparait absent et inefficace.

Dans le cadre du partenariat entretenu entre les SMP russes et les Forces Armées maliennes, l’acheminement de matériel militaire au Mali en janvier 2025 aurait par exemple pu contribuer au renforcement capacitaire de l’armée régulière de Bamako.

Mais au lieu de cela, c’est en fait à ses intérêts nationaux que Moscou a d’abord pensé.

Les équipements russes ont en effet été livrés pour soutenir la transition entre Wagner et Africa Corps, plutôt que pour appuyer les pays africains dans leur lutte contre le terrorisme.

Par conséquent, le bilan à dresser de la présence des SMP russes en Afrique est une gabegie sécuritaire et financière.

L’échec de la bataille de Tinzawaten, les pertes militaires importantes et l’inefficacité croissante face aux attaques terroristes mettent en évidence les limites de l’intervention russe dans la région.

De plus, l’incapacité à protéger efficacement les populations africaines et à endiguer les violences ne fait que renforcer les critiques envers la stratégie militaire de Moscou.

Il est donc légitime de se demander si le Mali a réellement besoin de supplétifs russes pour assurer sa propre sécurité.

Car les événements récents ont démontré que Moscou est davantage préoccupé par ses propres intérêts, que par le respect des termes du contrat que le Kremlin a initialement signé avec Bamako…

Article Cap’Ivoire Info (x)

Diawara
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