C’était un cahier à couverture

C’était un cahier à couverture
noire marquée d'une grande
rayure bleu nuit. Chaque page comportait un texte, parfois long, parfois réduit à un mince paragraphe.
L'écriture en était fine et régulière.
La première fois qu'il m'a été donné d'apercevoir ce cahier, il était posé sur la table d'une véranda miteuse d'un hôtel de San Salvador. Je l'ai ensuite reconnu dans la cabine de sa goélette au large de Santorin. Et des années plus tard, il m'a semblé le voir dépassant d'un sac de marin, sur une jonque près de l'ile Tarakan dans la mer des Célèbes. Corto Maltese semblait beaucoup tenir à ces pages, dont je n'ai jamais su si elles rassemblaient des chapitres de mémoires à venir, des souvenirs glanés au fil du temps ou le recueil d'une correspondance secrète.
Un ami croisé dans un bar de Lourenço Marques et à qui je demandais des nouvelles de Corto m'a dit l'avoir récemment rencontré à Venise, sur le quai de la Giudecca, en escale. Quant au cahier, il paraît qu'il aurait disparu dans l'incendie de la Jeune Fille d'Amsterdam. Si tant est que ce bateau plusieurs fois aperçu sur toutes les mers du globe ait bien sombré, en flammes, non loin d'Antigua.
On le raconte, mais j'ai un doute...























This post and comments are published on Nostr.